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Entretien avec Pierre HADERER, directeur technique du CDN Drôme-Ardèche

Commandes de formations à la Comédie de Valence / ©Frédéric Caron

La Comédie de Valence, Centre Dramatique National Drôme Ardèche, crée, produit et diffuse des spectacles et organise des événements artistiques et culturels sur son territoire. Le projet du CDN, conçu par le directeur Marc Lainé, metteur en scène et scénographe, s’appuie sur un Ensemble artistique d’horizons complémentaires constitué de metteurs en scènes et d’artistes de toutes les disciplines.

Depuis une dizaine d’années, la direction technique du CDN de Valence passe régulièrement des commandes de formation sur site et sur mesure à l’ISTS, qu’il s’agisse de formations obligatoires de sécurité ou de formations de perfectionnement.

Récemment, en septembre 2024, ce sont plus de 15 techniciens du spectacle, permanents ou intermittents, qui ont ainsi été formés au CDN en accroche levage (cintres contrebalancés), habilitations et recyclages électriques.

C’est l’occasion de s’entretenir avec Pierre HADERER, directeur technique de la Comédie de Valence, depuis cette actualité et dans la continuité du processus de formation de ses équipes.

Quelles sont les exigences de la direction technique de La Comédie de Valence en matière de développement des compétences de ses équipes ?

Il est question, dans un premier temps, d’éviter la disparition des savoir-faire. Il faut absolument favoriser et encourager la transmission. Avant de vouloir tout inventer et se former, il faut se saisir des expériences du passé. Beaucoup de choses ont disparu au niveau des fondamentaux et du tronc commun des métiers. La machinerie et la construction sont les domaines techniques les plus mis à mal en ce sens, comme pour certains métiers du bâtiment, à tel point qu’il faut faire appel à des historiens ou des archéologues pour tenter de récupérer certains de ces savoir-faire.

Par exemple, comment faisait-on avant l’usage de l’électricité ? Sans oublier que le recours à des solutions manuelles est vertueux écologiquement. D’autres facteurs concourent à la perte de la transmission, comme la mobilité croissante des équipes et le manque d’attractivité de nos métiers qui peuvent se combiner : quand il y a un problème, on part, on peut changer facilement d’entreprise. On ne résout pas le problème, on le déplace. Les gens se questionnent sur leur devenir professionnel, l’évolution des salaires est un facteur très important. C’est un problème que l’on retrouve dans tous les lieux.

Il y a une nécessité de la formation, que ce soit en formation continue ou en apprentissage, pour répondre à ces pertes de savoir-faire. Les propositions de formation en machinerie et en construction sont relativement nouvelles, elles n’existaient pas il y a une dizaine d’années. Il y a les formations obligatoires, plus dédiées à la sécurité, la prise de risque ne pouvant plus être considérée comme normale et inévitable dans nos métiers. Ces formations ne doivent pas pour autant être déconnectées des savoir-faire et de la montée en compétence.

Il faut aussi se former face aux nouveaux défis, l’évolution technologique et culturelle.

Les centres de formation ont un rôle important à jouer pour répondre à tous ces enjeux.

En quoi les commandes de formation sur site et sur mesure, plutôt que des formations en centres de formation, répondent-elles à ces exigences ?

C’est une réponse concrète au quotidien des gens qui pratiquent le métier. Le problème pour les lieux, c’est que les formations obligatoires ont un poids considérable et la place pour développer les savoir-faire y est nécessairement restreinte.

Les formations afférentes proposées par l’ISTS permettent cependant de prendre en compte le développement des savoir-faire nécessaires en accroche-levage et électricité. Même pour des pupitreurs lumière, les besoins peuvent être différents d’un lieu à l’autre, par exemple, pour la Comédie de Valence ce sera l’adaptation des plans de feu à des équipements différents. On retrouve les mêmes variations pour le travail en hauteur.

L’avantage des formations sur site, c’est de pouvoir développer ses compétences à partir de l’exemple concret de la situation habituelle de travail et de favoriser l’intégration de la théorie. La formation in situ règle aussi le problème posé par les déplacements et l’hébergement pour aller vers les centres de formation. Le fait d’être sur place encourage de fait le processus de formation.

Comment favorisent-t-elles le travail des équipes de techniciens pendant et après la formation ?

Travailler avec les équipes habituelles dans une formation sur site c’est bien, mais il faut aussi ouvrir à d’autres professionnels qui apportent une autre expérience et un regard extérieur, ce que nous faisons autant que possible dans la constitution des groupes de stagiaires.

Le fait de placer les techniciens dans leur contexte de travail habituel est forcément plus efficace. Cela leur apporte des réponses concrètes, dans la réalité de leur quotidien et des moyens dédiés.

C’est l’occasion de prendre du recul et le temps d’échanger sur les pratiques.

Cela peut aussi être parfois l’occasion de pointer des dysfonctionnements ou plus simplement des axes d’amélioration.

Crédits photos : Frédéric Caron

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