Après la publication des deux premiers épisodes de l’entretien de David BOURBONNAUD et de Jean-Pierre DEMAS relatifs à l’histoire des certifications de l’ISTS, et consacrés à la création des titres de Régisseur de spectacle et de Directeur technique, nous vous proposons le dernier épisode de cette histoire à propos de la création de la formation et du titre de Chef machiniste.
Épisode 3 : La création de la formation et du titre de Chef machiniste
David BOURBONNAUD : Abordons maintenant le titre de Chef machiniste. C’est le dernier titre déposé, en 2006. Comment cela advient-il ?
Jean-Pierre DEMAS : A partir du moment où l’on commence à travailler sur les profils professionnels – dans cette logique de complémentarité, de façon à assurer une continuité et des compétences et des vigilances en matière de prévention des risques… et plus largement de façon à assurer une continuité en matière de responsabilité professionnelle – on aboutit à la conclusion qu’il faut former les différents responsables à chacun des niveaux. Et il apparaît, en étudiant la cause des accidents, que beaucoup d’accidents viennent de la machinerie et non pas de l’électricité. Il y avait un travail important à faire. C’est pourquoi on a commencé très tôt à proposer des formations à la machinerie traditionnelle, pour expérimenter un peu notre niveau de connaissance et de performance en matière de transmission des connaissances. Et il a fallu répondre à l’attente du secteur professionnel et plus précisément à la diversification des attentes en fonction du statut des entreprises. La formation des chefs machinistes répondait plus précisément à l’attente des théâtres institutionnels de la fonction publique territoriale, en particulier les opéras. Parce que c’est là qu’il y a des chefs machinistes et que la transmission des savoirs traditionnels sur les plateaux ne suffisait pas à couvrir la totalité de la chaine de responsabilité.
David BOURBONNAUD : En écho à ce que tu viens de dire, depuis que j’ai repris la direction en 2013, on a orienté le titre de Chef machiniste de manière complémentaire vers la régie de plateau, en le faisant évoluer vers un nouvel intitulé : « Chef machiniste / Régisseur plateau ». Non seulement parce que le titre précédent était très connoté « Opéra » – comme tu l’as rappelé et sans travestir le contenu de la formation – et, plus globalement, parce qu’on a constaté qu’il y avait aussi bien au niveau européen que national des acceptions très différentes de ce profil métier dans la réalité de nos entreprises. Pour prendre en compte également des questions d’attractivité de la formation et d’employabilité. En complétant la base du profil métier de chef machiniste, on a pu ouvrir les possibilités et opérer la mutation pour qu’un régisseur plateau soit en mesure de se projeter sur l’ensemble des équipements dans lesquels il peut travailler.
Jean-Pierre DEMAS : Cette confusion entre les deux titres répond aussi au cadre d’emploi, parce que cette fonction-là, dans certains établissements, peut s’appeler chef machiniste ou régisseur plateau. Dans un théâtre national, on aura des appellations qu’on ne retrouvera pas ailleurs, par exemple le « directeur de scène » – qui dans la pratique fait essentiellement des plannings, il n’est pas responsable de la maintenance ni de la mise en œuvre opérationnelle des matériels qui incombe aux régisseurs plateau ou aux chefs machinistes.